Comment récupérer après un accident vasculaire cérébral (AVC) ?

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Patricia Guipponi

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Chaque année en France, 150 000 personnes sont victimes d’un accident vasculaire cérébral. Parmi les 120 000 rescapés, certains retrouvent leur domicile, d’autres sont hospitalisés dans des centres spécifiques. Leur prise en charge diffère selon la gravité et les séquelles de l’attaque cérébrale.

L’accident vasculaire cérébral (AVC) se caractérise par la perte brusque d’une ou de plusieurs fonctions cérébrales. Il se traduit par l’arrêt de la circulation sanguine du cerveau ou par la survenue d’une hémorragie intracérébrale. En France, 150 000 personnes en moyenne sont touchées chaque année. Un dixième d’entre elles ont moins de 45 ans.

On déplore 30 000 décès par an des suites d’un AVC. Les patients rescapés gardent des séquelles neurologiques plus ou moins importantes ce qui induit une prise en charge différente selon les cas. « 60 % d’entre eux peuvent rejoindre leur domicile. Les autres sont hospitalisés », observe le docteur Marie-Josée Pellizzari, présidente de l’antenne des Pyrénées-Orientales de France AVC, qui a exercé durant plus de quarante ans la médecine physique et de réadaptation.

Une équipe médicale et paramédicale intervient à domicile ou en centre

Les accidents vasculaires cérébraux, pris à temps, sont traités par thrombolyse* ou par thrombectomie**, ce qui réduit considérablement leurs conséquences. Il n’en demeure pas moins que toutes les situations sont différentes. Elles varient en fonction de la gravité de l’attaque et la constitution et récupération propres à chaque personne. Dans la majorité des cas, le patient est transféré dans une unité neurovasculaire. « Depuis le plan national AVC de 2010-2014, qui a permis de débloquer d’importants fonds, quasiment tous les hôpitaux en sont dotés », témoigne le docteur Marie-Josée Pellizzari.

Par la suite, selon son état, le patient pourra regagner son domicile où il continuera à recevoir des soins. « À condition qu’il y ait une personne à ses côtés pour veiller sur lui », souligne la présidente de France AVC - 66. Le logement devra, parfois, subir quelques aménagements (sanitaires, salle de bains, rampes…). Une prise en charge médicale et paramédicale (infirmier, kinésithérapeute, orthophoniste…) sera menée sous la supervision du médecin traitant… D’autres professionnels peuvent intervenir en fonction des séquelles constatées.

Si les déficits physiques et/ou psychiques causés par l’AVC sont jugés sérieux et nécessitent une rééducation plus encadrée, le patient ne pourra pas rejoindre dans l’immédiat son domicile et sera dirigé en soins de suite et de réadaptation. Il bénéficiera d’une hospitalisation complète et d’une prise en charge par une équipe pluridisciplinaire de médecin, kiné, assistant social, ergothérapeute ou encore neuropsychologue pour évaluer les éventuelles séquelles cognitives et invisibles (troubles du langage, visuels, sexuels, etc.).

Les relations avec l’entourage sont perturbées après un AVC

La durée de l’hospitalisation en soins de suite et de réadaptation varie en fonction des personnes et de leur niveau de récupération. Toute possibilité de sortie est examinée par l’équipe pluridisciplinaire lors d’une réunion de synthèse. « Le retour à la maison peut s’effectuer par étapes. Il peut prendre la forme de week-ends thérapeutiques pour se réhabituer progressivement au domicile et à l’entourage. Quel que soit le cas, on ne laisse jamais un patient sans surveillance et celle-ci dure autant qu’il le faut », précise le docteur en médecine physique et de réadaptation.

Il peut arriver que les personnes retraitées ou en fin de carrière professionnelle, rendues dépendantes par l’AVC, soient admises en EHPAD. Un placement en maison d’accueil spécialisée peut être envisagé pour celles qui sont toujours en âge de travailler mais peu ou plus autonome. « Ce n’est pas gérable par le proche aidant et ce n’est pas dans ces compétences. Il finirait par s’épuiser. D’autant plus qu’il est peut-être, lui-même, fragilisé par des pathologies », commente Marie-Josée Pellizzari.

Les relations avec l’entourage, qu’il soit familial ou amical, sont souvent perturbées à la suite de l’AVC. « Dans un tiers des cas, les couples se séparent ». Le patient n’est plus la personne d’avant l’accident cérébral. Il peut souffrir de problèmes de santé et de troubles plus ou moins sérieux qui perdurent. Son caractère, son émotivité peuvent être modifiées. « Ce n’est facile pour personne. France AVC est là pour les malades mais aussi pour écouter et accompagner les familles dans leurs démarches ».

Le permis de conduire doit être validé après un AVC

Le retour au travail d’un patient après une attaque cérébrale ne sera pas forcément évident. Il va d’abord falloir mesurer s’il est apte à réintégrer son poste initial et dans quelles conditions. « Il peut, en effet, éprouver des difficultés de planification, d’attention, de la fatigabilité comme de l’irritabilité. Troubles qui n’ont peut-être pas été décelées lors de l’hospitalisation », souligne la présidente de France AVC - 66.

Après une visite de pré-reprise, encadrée par un médecin du travail, sera évaluée l’aptitude du patient au poste qu’il occupait. Des mesures adaptées seront proposées si cela est nécessaire comme une reprise de travail à temps partiel, un aménagement du poste… Si le médecin du travail notifie une inaptitude au poste, l’employeur doit trouver une solution de reclassement, sous réserve que ce soit réalisable dans l’entreprise. Les personnes déclarées invalides peuvent bénéficier d’aides d’État, de prévoyances souscrites auparavant, entre autres.

La reprise de la conduite automobile par toutes personnes ayant subi une lésion cérébrale, quelle qu’en soit la cause, est encadrée par un décret de mars 2022. Il leur faut entreprendre des démarches pour faire valider leur permis de conduire. « Beaucoup ne connaissent pas cette mesure qui, si elle n’est pas suivie, n’est pas sans conséquences. Par exemple, un accident ne sera pas couvert par les assurances ». De surcroît, après un AVC, le véhicule a parfois besoin d’être adapté ou changé.

Le dispositif Prado AVC

Lancé en 2010 par l’Assurance maladie, Prado est un service qui anticipe les besoins du patient liés à son retour à domicile après l’hospitalisation et qui simplifie le parcours hôpital-ville. Pensé initialement pour les sorties des mamans de maternité, il a été étendu aux patients hospitalisés pour AVC en 2019. « Il permet aux personnes qui n’ont pas déclaré de médecin traitant d’en bénéficier mais également d’avoir recours à un kinésithérapeute et à un infirmier à la sortie de l’hôpital, à proximité de leur domicile », informe le docteur Marie-Josée Pellizzari.

*La thrombolyse est un traitement médicamenteux administré en cas de thrombose pour dissoudre le caillot sanguin qui obstrue l'artère cérébrale.

**La thrombectomie consiste à recanaliser une artère cérébrale à l'aide d'un dispositif mécanique de retrait de caillot introduit par voie endovasculaire sous contrôle radioscopique.

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